5 conseils pour choisir son restaurant chinois à Paris
Éditorial

5 conseils pour choisir son restaurant chinois à Paris

J’en avais parlé il y a longtemps déjà, et il me semble aujourd’hui utile d’en actualiser le contenu, car le paysage culinaire évolue au quotidien. Seulement, cette fois, pas d’analyse des flux migratoires à Paris car c’est au final un sujet délicat tant la ville est un tissu complexe. En fait, j’ai plutôt envie de parler des pires clichés que vos amis vous servent à longueur de journée, et de cinq moyens de les décrypter.

1. Et si on allait dans le quartier chinois ?

Tout ce qui bride n’est pas jaune. Non, le 13ème arrondissement n’est pas un quartier chinois, de même que l’Indochine n’est pas la Chine. Il s’agit là d’un amalgame franchouillard et post-colonial (souvenez-vous du 1er album du groupe Indochine qui s’intitulait « le Péril Jaune » tout en présentant une geisha en pochette, les frères Sirkis n’ont pas dû beaucoup étudier). Si des chinois de souche y vivent, la majorité de la population y est vietnamienne, cambodgienne et laotienne. Dans tous les cas, repérez-vous aux mets proposés plutôt qu’à un quartier. Aujourd’hui, il y a des chinois jusque dans le quartier dit japonais de Paris.

2. Va chez mon chinois, il fait les meilleurs bo-buns de Paris

C’est typiquement le genre de trucs qui me donne envie d’arracher le nez de mon interlocuteur à coups de dents. Pourquoi il ne faut jamais suivre ce genre de conseil ? C’est très simple. D’une part, je doute que la personne soit détentrice d’un doctorat en bo-bun, d’autre part parce que le bo-bun, c’est vietnamien. Pour des raisons que j’ignore, et quand bien même les chinois l’adorent, la cuisine vietnamienne en Chine et à Hong Kong est mauvaise. Pareil pour les soupes phô et les nems. Ce n’est pas chinois. On ne se rend pas dans un restaurant auvergnat pour déguster des fruits de mer.

3. Je fais confiance aux restos quand il y a plein de chinois dedans

Et moi, je ne vais dans les restaurants français que lorsqu’il y a plein de blancs dedans. Ben quoi, moi aussi je peux dire des bêtises quand je veux. C’est comme lorsque vous êtes à l’étranger et que comme vous êtes le français de la table, on vous demande de choisir le vin. De même que tous les français ne sont pas aguerris à l’oenologie, tous les chinois ne sont pas des fins gourmets. Logique, non ? Le plein de petits jaunes ne garantit en rien la qualité de la cuisine. Get over it.

4. Spécialités chinoises et thaïlandaises (ou vietnamiennes)

Commercialement, du fait de la culture limitée de la clientèle moyenne, les restaurants ne peuvent pas éviter de proposer les best-sellers de toute table asiatique, de même que vous trouverez de moins en moins de bistrots modernes qui ne servent pas de hamburger. C’est bassement mercantile, mais c’est comme ça, certains thaïlandais servent des nems. Ces produits d’appels constituent une part importante du chiffre d’affaire. La gastronomie française est complexe et très régionalisée alors qu’il s’agit dun pays de 675 000 km2, alors imaginez ce qu’il en est pour un pays qui en fait 9 700 000… Il faut se repérer par régions, et tout simplement éviter ceux qui présentent deux pays. Le reste, c’est de l’esbroufe si ce n’est de la diversification pure et dure.

5. C’est bon et en plus, c’est propre

Normal, les chinois sont tellement sales qu’il est rare d’en trouver un salubre. Ce genre de réflexion frise le racisme primaire, un établissement chinois est assujetti aux mêmes règles d’hygiène que Pierre Gagnaire, et ce n’est pas parce que la décoration est inexistante que la saleté est omniprésente. Seule exception, et ce sont les services d’hygiène qui le démontrent régulièrement, évitez les petites tables qui entourent Arts & Métiers.

Voilà. Bonne chasse à présent !

 

20 thoughts on “5 conseils pour choisir son restaurant chinois à Paris

  1. Arts et Métiers: la station de Métro dans le 3ème à côté du Conservatoire National des Arts et Métiers, ou le quartier proche de l’Ecole Nationale des Arts et Métiers (ENSAM), dans le 13ème entre Nationale, Place d’It et Campo Formio?

  2. Wai-Ming Lung

    @Margot Merci à toi aussi 😉
    @Coullaut Exactement le genre de propos que je voulais illustrer, merci pour le contre-exemple !
    @Mix Le quartier qui s’étend entre le métro Arts et Métiers et le Temple, là où vivent les grossistes en maroquinerie et bijouterie fantaisie.

  3. Merci…

    mais maintenant que je sais où je ne dois pas aller, qui je ne dois pas écouter et à quoi je ne dois pas me fier,
    concrètement, où dois-je aller ? qui dois-je écouter ? à quoi puis-je me fier ?

  4. Wai-Ming Lung

    Cher Oit,
    Une fois qu’on sait où ne pas aller, et qui ne pas écouter, le champ des possibles est vaste. Il faut simplement se lancer ! Pour le reste, il y a déjà un certain nombre de restaurants sur ce site, et encore plus sur d’autres.

  5. Salut MrLung,

    Je suis foncierement d’accord avec toi sur l’ensemble de ton article. Je rebondis quand même sur le point 3. J’aurai tendance a édulcorer ce point dans le sens où j’utilise parfois cet argument. « y’a pas mal d’asiat, c’est un signe »… pas sur la qualité de la nourriture, je te le concède. Mais c’est plutot un signe d’une certaine authenticité. Je me dis que l’atroupement d’asiats est PARFOIS synonyme d’une certaine authenticité même s’ils ne sont pas tous fins gourmets. Je pense que tu seras d’accord avec moi, pour fuir les clichés de la simili nourriture asiat pour retrouver des plats plus authetiques ..

    A toi, A moi , A nous d’expliquer aux gens les choses pour que les préjugés et clichés s’estompent.
    Au plaisir de te lire.
    Le Yin

  6. Wai-Ming Lung

    Effectivement, il est possible de nuancer le conseil, mais je voulais rester absolument générique pour éviter de tomber dans des cas particuliers. En effet, lorsqu’on se promène dans le 3ème pour reprendre le même exemple, il y a plein de petits bouibouis qui sentent bon comme là-bas, avec les mêmes gens que là-bas et pas chers comme là-bas, mais un là-bas très loin de ce qu’on peut imaginer d’un point de vue gustatif.

    Et pour extrapoler à une autre cuisine, j’aimais par exemple beaucoup Kunitoraya rue Ste Anne. L’attroupement de nippons devant me repousse littéralement, car je ne les trouve pas meilleurs que deux ou trois autres gargotes du même type, sans queue interminable, dans le même quartier.

    Cherchons, cherchons, partons à l’aventure et pas au Club Med, là où un pote m’a dit que c’était cool ! Tel est le message en substance.

  7. Je suis d’accord aussi.
    Jardins de Mandchourie à Montgallet, Sinorama bien sûr, Iris rue St-Martin et bien d’autres.
    Heureusement qu’il y a des passionnés comme toi pour dénicher les bonnes adresses parce que ce n’est pas un quelconque label qualité Asie qui pourrait nous aider. Ce truc existe depuis quatre ans, mais la liste des établissements parisiens n’a pas bougé d’un poil.
    Tu n’as pas évoqué les restos tenus par des non asiatiques, offrant des spécialités chinoises, je pense à la vague dim sum notamment. 🙂

    • Wai-Ming Lung

      J’esquive volontairement le sujet des dim sums qui mériterait un article à part entière ! Si je devais m’en tenir à une opinion purement instinctive, je dirais que les Yoom and co c’est de la m**** en barre pour midinette du midi, mais ma conscience m’impose de creuser un peu plus avant d’écrire 😉

  8. Excellent et vrai, Ayant vécu en Chine je désespère de trouver de la bonne cuisine chinoise comme à Londres ou NY. Le Shang Palace est bien mais cher quant aux Dim Sum du président ils sont moyens au mieux.
    Pour le moment je me rattrape sur les petits Taiwanais et les pates vivantes dans le 9e, c’est frais et relativement authentique

  9. Mais il n’y a pas qu’à Paris qu’on mange asiatique…
    En province, il y de bons restaurants asiatiques et de très très mauvais.
    Voilà un bon sujet à développer par un critique gastronomique:
    « La particularité de la cuisine asiatique servie en province par rapport à celle servie à Paris »
    Moi, en tout cas et après de multiples déceptions, j’ai trouvé mon bonheur en fréquentant deux bons restaurants asiatiques à Lorient (Morbihan):
    – Le Mékong
    – L’Orient (Vietnamien)
    Je précise que je ne suis pas Lorientais. Je fais le voyage (50 Km)à chaque fois pour mériter ce privilège.

  10. Bonjour,
    Et merci pour ce blog, super !!
    Est-ce que vous avez essayé le « Belle Heng », à Belleville ? (quand on sort du métro devant le président, se mettre sur le trottoir de gauche de ce grand bâtiment et descendre la rue jusqu’en bas, c’est normalement le dernier restaurant sur le même trottoir).
    C’est un tout petit restaurant familial, mais j’y ai passé pendant mes études des midi (et des après midi studieuses – ils me laissaient rester en salle, trop trop sympas) géniaux. D’ailleurs il y avait (désolée je n’y suis pas revenue depuis quelques années, cause enfants en bas âge pas top sages – donc j’ignore si c’est toujours le cas), un menu « du jour », écrit sur une ardoise, qui n’était pas traduit en français !!
    Trop marrant ce menu : pas cher, et je ne savais jamais ce que j’allais goûter. Des fois c’était… spécial… Mais parfois j’ai fais des découvertes superbes !
    C’est aussi le seul resto sur Paris et sa région que je connaisse qui serve en dessert le sublime « riz gluant au flan chinois (et au lait de coco) ». J’adore !!
    PS : c’est peut être pas un chinois, vu que leur soupe Phô aux boulettes était aussi très bonne, et que le riz gluant est certes pas très chinois, mais peut importe, avec Chez Vong (pas du tout chinois certes aussi) c’est ma deuxième adresse préférée à Paris !!!

    Continuez votre blog et vos vidéos !!!!

  11. Moi j’attend le point 6 : la sélection « Restos Chinois à Paris de M. Lung »… avec adresse pas chère mais bonne jusqu’à gastronomique… :o)

    Je peux le dire : cet article m’a laissé sur ma faim !!! :o)

    • Wai-Ming Lung

      Merci 🙂 Le but demeure néanmoins de ne pas sortir ma sélection ! D’autant plus que j’avoue ne plus trop fréquenter les restos chinois à Paris, sauf craquage madeleinesque. Trop souvent déçu !

  12. Merci pour cet article qui m’a bien fait sourire !
    Étant việt et ayant grandi dans une famille d’excellentes cuisinières, j’ai appris à être très critique quand on parle de la cuisine de mon bled ! Et accessoirement fan de la cuisine jap aussi !
    C’est tellement énervant les  » j’adore la cuisine chinoise, surtout les nems !  » ou les  » je n’aime pas les resto jap, je ne mange pas de sushi !  »
    Mais au fond, je n’en veux pas vraiment aux blancs (no offence à qui de droit) qui font cet amalgame ou cette confusion. Ce qui m’agace le plus ce sont nos chinois qui ouvrent des resto à gogo sans se soucier de la qualité ni de l’authenticité des plats proposés !! Les nems plaisent aux français ? Proposons des nems à toutes les sauces ! Les sushi se vendent ? ouvrons un resto « jap » pareil que celui du voisin ! Business first !! Telle est la devise première de tout chinois qui se respecte 😉
    Aarrghh !!
    … Je cherche encore un bon resto việt dans le centre de paris. Un conseil MrLung ? Et please pas le Paris Hanoi et leur pseudo livre de cuisine, beau certes mais blindé de fautes d’orthographe dans les noms des plâts en vietnamien…
    En tout cas encore merci pour ce site très bien écrit, drôle, intelligent et sarcastique voire très sélect par moments 😉 mais on aime !

  13. Je déterre…
    Mais je cherche un bon resto chinois sur le net, et je tombe sur cet article. Très sympa à lire, fin et drôle.
    D’accord avec tout, sauf le point 3 : ce n’est peut-être pas vrai pour les restos chinois, mais quand je vais dans un resto jap par exemple, je trouve ça assez rassurant quand la salle est blindée de Japonais, et non de blancs (ou de Chinois d’ailleurs).

    Bon il ne me reste plus qu’à essayer de trouver ce pour quoi j’ai atterri ici 🙂

  14. Avant de vous la jouer cool en tentant de parler anglais, tentez au moins de réellement parler anglais.
    « Get over it » ne signifie absolument pas ce que essayez de dire, si tant est que dans le contexte de votre phrase, ça signifie quelque chose.

    Sinon, pour les « one again » comme vous, s’en tenir au français permet d’éviter le ridicule.

    • Wai-Ming Lung
      Wai-Ming Lung says:

      « Get over it » signifie exactement ce que j’ai voulu exprimer. Mais avant de me donner des leçons d’anglais, peut-être feriez-vous mieux d’apprendre le français, mademoiselle.
      Sinon, vous savez aussi probablement ce que « swivel » veut dire.

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