Le Croq’Krug au Royal Monceau

Au cas où vous vous seriez posé la question, et surtout au cas où vos papilles en ont assez des sempiternels burgers (de chef, de rue, des villes, des champs et que sais-je), le croque-monsieur le plus chic du moment est plutôt madame, et il s’appelle le Croq’Krug. Où ? On le trouve au restaurant Il Carpaccio, la table étoilée de Robert Rispoli du Royal Monceau à Paris. Une version palace d’un classique indéclassable des cafés français, revu et corrigé comme il se doit, et qui se compose d’œuf, de lamelles de truffe et de mouillettes, et se sert flanqué d’un verre de Krug Grande Cuvée, un champagne riche et sophistiqué issu de l’assemblage de 120 vins de réserve, à la robe intense et dorée, aux notes d’agrumes, de fruits secs, aux accents légèrement briochés.

Appellation Palace Contrôlée

Pour le savourer, comportez-vous en digne habitué des lieux : jetez un œil distrait à son arrivée et ne poussez surtout pas de petits cris de ravissement. Rincez-vous les papilles d’une petite lampée de Grande Cuvée afin de les préparer. Puis, lorsque le serveur s’en est allé, repoussez délicatement mais fermement les couverts – ces artifices de la civilisation qui font croire aux pauvres bourgeois qu’ils ne sont point barbares – et saisissez-vous des mouillettes avec les doigts, d’une main, comme si vous étiez chez vous au petit-déjeuner. De l’autre, tournez négligemment les pages de votre journal ou de votre magazine préféré (pas de smartphone ou de tablette, c’est vulgaire), et lisez.

Sentez-les arômes de truffe d’été (c’est la fin, ils sont subtiles, voire épars) se mêler au jaune d’œuf, se disperser grâce au bon gras du beurre et du pecorino. Faites couler le champagne jusqu’à plus soif, reprenez un verre si nécessaire. Repartez lire un recueil de poésie dans le Parc Monceau, vous verrez : les vers se suivent mais ne se ressemblent pas.