Hey Spritz, es-tu là ?

Chaque tendance amène son lot de suiveurs aveugles, détracteurs et exégètes de pacotille… et ce n’est pas le désormais fameux Spritz qui va faire exception à la règle. Fort prisé à l’apéritif en Italie, et particulièrement à Venise, la mode de ce cocktail bat actuellement son plein, entrainant un pic de vente sans précédent sur l’Aperol, cet alcool orangé et amer que l’on retrouve fréquemment dans sa recette.

Ce succès ne doit cependant rien au hasard, c’est le fruit de longues années de travail marketing du groupe Campari (qui a décidément une faiblesse prononcée pour l’amertume) pour remettre ses produits au goût du jour. Tant et si bien que – panique à bord – Roberto Cremonese, directeur de l’exportation chez Bisol, premier distributeur de prosecco, vient d’annoncer pour cet été une possible pénurie du vin pétillant italien (un des principaux ingrédients du Spritz), en raison de récoltes médiocres !

Pénurie de prosecco

Qu’allons-nous devenir, nous, pauvres victimes de la mode ? Rassurez-vous. Et surtout, n’écoutez pas les mauvaises langues qui cherchent à vous étouffer votre bon plaisir sous l’éteignoir de leur bêtise, car s’il existe une formule traditionnelle de cette boisson d’étudiants qui s’assimile à une sangria à l’italienne, il n’est point de recette précise. Et si par malheur, un pontifiant je-sais-tout vous dit le contraire, envoyez-le paître, car « Spritz » veut simplement dire « vin pétillant » en allemand, il n’y a pas de règle.

Notre recette

Héritage de l’empire austro-hongrois, ce n’était au départ que moitié vin blanc, et moitié eau de Seltz, jusqu’à l’arrivée des bitters comme le Campari, l’Aperol ou d’autres liqueurs plus confidentielles, et une évolution dans un esprit plus méditerranéen. Aujourd’hui, on y met ce qu’on veut, alors soyez fous et épatez votre barman en commandant notre suggestion :

(1) remplacez le prosecco par 6cl d’un subtil crémant de Bourgogne ou un champagne peu dosé, de préférence à forte teneur en chardonnay, pour la vivacité des bulles qui égayera élégamment l’eau gazeuse (qu’on utilisait jadis surtout pour diluer le mauvais vin, faut-il le rappeler) ;

(2) puis versez votre content d’amertume – 4cl – : Aperol pour ceux qui aiment la douceur, Campari pour ceux qui l’aiment rosso et Cynar pour ceux qui tolèrent l’artichaut (les plus aventureux et patriotiques de nos lecteurs peuvent toujours s’essayer à la gentiane) ;

(3) éclaboussez le tout d’un trait d’eau gazeuse, pas besoin de rondelle d’orange sauf bio, à moins que vous n’ayez envie de boire du pesticide ;

(4) regardez l’herbe pousser sous vos pieds.