Beira Mar, restaurant à Cascais, Portugal
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Beira Mar, restaurant à Cascais, Portugal

Un passage à Cascais ne se fait pas sans un tour des cuisines car le Portugal a la chance de pouvoir encore offrir une cuisine qui, si elle ne fait pas vraiment dans la finesse, demeure authentique et imperméable aux changements, à l’avénement du bipède à la patte maigre et au diktat de la taille 36. Anorexiques, passez votre chemin !

Le poids de l’eau de mer

D’aucuns voudraient s’imaginer que qui dit « produits de la mer » dit aussi « légèreté ». Que nenni, à Cascais, quand il n’y a plus de beurre, il reste l’huile d’olive ! Ainsi, impossible de passer outre les bulhao pato, ces fameuses palourdes dont les portugais sont tant friands qui distribuent en-veux-tu, en-voilà les saveurs maritimes chargées des parfums terriens de l’huile d’olive mêlés à celui de l’ail dispensé en grandes quantité. La simplicité ajoutée à l’efficacité, c’est ainsi que nous pourrions résumer ce plat. Alternative possible, des encornets, bien sûr…

Mais revenons-en à Beira Mar, cette jolie terrasse qui n’a jamais rien cédé à la modernité criarde des bâtiments alentours construits pour accueillir des cohortes d’anglais en quête de bière pas chère. Ca me fait penser à l’intérieur du Gambrinus à Lisbonne. C’est vieillot, figé dans le temps, les serveurs sont polis ce qu’il faut, placent leurs deux mots de français, mais c’est propre et c’est bien fait. Foin des courbettes et de la morgue branchouille, la sincérité, il n’y a rien de tel pour convaincre.

Vin de (très) soif

Il fait bon, les grosses pierres dont est faite la vieille ville protège le chaland, la proximité de la mer n’apporte pas forcément la fraîcheur, le vin blanc que j’aurais autrement jugé excessivement léger tombe à point. Plutôt sec, pas trop fruité, s’accrochant aussi difficilement aux parois du verre qu’une semelle de crêpe sur une flaque d’eau, un vin de soif et de chaleur. Après les palourdes, et toujours dans la légèreté et juste au cas où je craindrais une nouvelle récession qui me ferait mourir de faim, un magnifique morceau de lotte atterrit sous mon nez, tel un troisième type qui ne vous demande pas de faire le mime musical, généreux, courtois et bavard. Regardez bien, il a même amené un oeuf dur pour compléter le tableau et m’éviter une carence en acides aminés. C’est du solide.

Le Vatican approuve

Cerise sur le gateau, ou canelle sur le pasteis de nata, ici vous êtes en terre catholique. Alors ne vous mettez pas en tête d’aller quérir des capotes aux toilettes entre le fromage et le dessert, tout ce que vous trouverez, c’est… un distributeur de kit comprenant dentifrice et brosse à dents. Eh oui, après la quantité d’ail ingurgité, pensez à votre compagne !

Profiter des vacances, c’est aussi donner congé à ses petites restrictions du quotidien, donner libre cours à son appétit, sans penser au lendemain matin et au devoir d’assurer, de « performer » devant une tripotée de personnages grisâtres pour qui vous n’êtes qu’une ligne, et même pas de cocaïne. Est-ce que Beira Mar est un incontournable du genre à Cascais ? Je n’en sais rien, mais cet ordinaire me convient dans ce cadre. Toujours est-il que je savourai ce soir-là tel un invité au château, avec un délice transgressif, un repas plein et sans fausse note, dégusté sans retenue. Parce que je le vaux bien.

Beira Mar
Rua das Flores 6, Cascais
Tél. 021/482-73-80

Site Internet : http://www.beiramarcascais.com/

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