Les plaisirs et les jours (et les nuits)
Éditorial

Les plaisirs et les jours (et les nuits)

Bienvenue sur Orgyness, le nouveau e-magazine hédoniste dédié à la gastronomie et à l’art de vivre sans modération.

« Fais pas ci, fais pas ça, viens ici, mets toi là, attention prends pas froid, ou sinon gare à toi »… c’est du Jacques Dutronc, mais c’est aussi en substance les messages dont on nous assomme dès lors qu’il s’agit de ce qu’on mange, boit, fume, inhale ou s’enduit. Il faut manger local, de saison, bio, au moins cinq fruits et légumes par jour, éviter le gluten, les sucres transformés, les graisses animales, végétales et spatiales, pas trop chaud car ça brûle, mais pas trop froid car on ne digère pas aussi bien, dire qu’on dîne alors qu’on bouffe, ne pas grignoter entre les repas… Ca vous ennuie ? Eh bien sachez-le, vous n’êtes pas seul.

En effet, chez Orgyness, nous aimons la générosité autant que nous abhorrons la frugalité. Ici, nous traitons de l’esprit de l’orgie (nom féminin  du latin orgia, du grec orgia, qui signifie « abondance excessive de choses, profusion, prodigalité » ou  » une partie de débauche accompagnée d’excès de toutes sortes, de table, de boissons, etc.). Nous voulons de l’abondance, de l’absence de retenue et de modération car nous considérons que nous sommes des adultes responsables. C’est pourquoi la jouissance est ici à l’honneur, et le docteur Santé n’est pas convié.

Nous ne parlons pas de « food », non plus. Non seulement parce que c’est un mot anglais, mais aussi parce que c’est devenu un fourre-tout qui s’est vidé de sa substance en rendant les armes face à la mode et aux tendances, au détriment du tourbillon des sens. Avez-vous réellement besoin de validation sociale à vos plaisirs ?

La crise dure depuis 6 ans, et notre assiette est devenue protestante. Retour vers le produit, transformation minimaliste, modestie contrainte, bannissement des sauces… la gastronomie française, débarrassée de ses oripeaux fin-de-siècle renaît en récitant avec bonheur un solfège qu’il avait trop longtemps négligé. Mais l’enfance bénite qu’incarnent des talents incontournables comme les Inaki Aispitarte, Bertand Grébault et autres Grégory Marchand (sans oublier leur papa à tous Yves Camdeborde) finira bien par passer et, l’adolescence venue, il va falloir  savoir transformer de nouveau.

Accueillir en son sein la complexité et les contradictions, apprendre à apprécier les sophistications, accepter les transformations longues et minutieuses, réinventer la tradition perdue, c’est le nouveau défi qui attend cette génération et ses émules. Du vins naturel aux esprits surnaturels, du bio au techno, tout évolue inéluctablement sous peine de devenir réactionnaire.

En attendant, déjeunons, dînons, ripaillons, buvons, fumons, bouffons, et profitons des plaisirs terrestres. Rappelez-vous. Nous n’avons qu’une vie, qu’une terre, que 24 heures par jour pour oublier les petits malheurs du quotidien et profiter de tous ces bonheurs.

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