Le Bambou

Bienvenue à la table la plus surévaluée de ce début d’année. Il y a une règle tacite sur la scène parisienne qui dit qu’il n’y aura pas d’assiette à la hauteur de la décoration à chaque fois que cette dernière en vaudra le détour. Se repaître ou paraître, telle est la question.

Amateurisme

se prendre les pieds dans le tapis de l’exigence de quiconque a testé un équivalent thaïlandais

Le Bambou n’échappe pas à la règle, bien au contraire. A peine a-t-on posé le pied dans le magnifique établissement pensé par Clément et Clémence Goutal, d’anciens ateliers de tissus reconvertis qui évoquent l’ancien China Club et le Fumoir, qu’on se heurte à l’amateurisme maladroit et aux familiarités mal à propos d’un personnel qui hésite entre la pose et la pause. Heureusement qu’il restait de la place, puisqu’ils avaient perdu ma réservation.

Patience

Une fois posés dans les confortables fauteuils de la salle côté rue, il faut ensuite faire preuve d’une composition d’airain pour ne pas se mettre à siffler pour interpeller le staff. Celui-là même, qui au bout d’un temps interminablement long, dépose un Tom Kha Gai censé être relevé mais qui se révèle tout à fait atone, dans lequel baignent des escalopes de poulet blanc (pour les escalopes, je parle du format des tranches). 13€.

Une éternité plus tard, c’est au tour du Phad Thai aux nouilles agglutinées et compactes à 18€, flanquées de crevettes trop cuites, de venir se prendre les pieds dans le tapis de l’exigence de quiconque a testé un équivalent thaïlandais à 1,50€. On ne me refera pas le coup, c’est sûr.

A la sortie, on est peu surpris d’apprendre que le Bambou est emmené par l’équipe du Très Honoré et la Plage Parisienne, deux adresses plus réputées pour leurs aspects festifs que leur assiette. Pour le reste, il est possible que je m’y retrouve à nouveau un jour, car c’est le genre d’endroits agréables à vivre le soir, de par son ambiance et le quartier, mais je serai déjà ivre, ne ferai plus attention à l’assiette, et mon attention sera entièrement portée vers le social.