Retour sur Terre
Éditorial

Retour sur Terre

Quelle rentrée ! Rattrapés par l’actualité jusqu’au fin fond de notre villégiature, nous avons fait le dos rond aussi longuement que possible (pas l’autruche, ça fait des marques de bronzage), craignant le dur retour à la réalité comme le lecteur passionné craint la fin d’un roman.

Ici un directeur de site archéologique se fait étêter par des fanatiques, là un autre prend le Thalys pour une partie de Call of Duty, plus loin, ailleurs on tire sur des naufragés juste pour éviter de les voir de trop près, ou alors on tue en direct des présentateurs télé sans même savoir pourquoi. Partout, on a l’impression que le monde marche sur la tête, alors qu’on eut préféré qu’il marchât sur le ventre, histoire de stimuler l’appétit.

Cela dit, chez Orgyness, nous ne sommes pas des conteurs d’actualités, et nous ne nous étendrons pas sur des événements bien plus graves et liberticides que le plus buté des militants anti-corridas, le farouche végétalien à la graine trop germée, ou l’abstème repenti dont l’oeil tourne bien plus vite que vin en vinaigre.

On résiste à l’invasion des armées,
on ne résiste pas à l’invasion des idées.
(Victor Hugo)

Pour autant, nous continuons à être solidaires d’une société où le plaisir peut se permettre de se faire art, où les sens peuvent s’éduquer et s’épanouir, et où la brutalité réside dans les tanins plutôt que les idées reçues. Nous ne prenons pas les armes, mais les couverts, bien vivre sera toujours notre forme de résistance. A ceux qui décapitent, nous opposons la pensée ; à ceux qui interdisent le vin, nous opposons l’apéritif au soleil ; et à ceux qui torturent et violent, nous opposons la cour et la galanterie.

Sur ces vœux souvent plus impies que pieux, nous vous souhaitons un bon retour sur les bancs de l’école du quotidien.