Le Grand Hôtel du Lion d’Or
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Le Grand Hôtel du Lion d’Or

Notre avis : 4/5

La perte d’un astre tient-elle du désastre ? Le Grand Hôtel du Lion d’Or à Romorantin-Lanthenay pourrait vous en dire quelques mots, suite à son déclassement cette année par un Guide Michelin déboussolé – cocasse pour un éditeur cartographique – qui force le jeunisme en adoubant le tatouage à marche forcée.

Espace mental

Mais avant de crier à l’injustice depuis son smartphone, faut-il encore juger par soi-même, or c’est notre rôle à nous, gourmands, voyageurs et athlètes du palais. Tout d’abord, il y a la Sologne, sa nature, son terroir et Didier Clément qui, après y avoir rencontré sa littéraire épouse Marie-Christine, reprend l’établissement familial en jachères. Mais Rome ne s’étant pas fait en un jour, il ne fallait pas trop en demander à Romorantin, et après des années de dur labeur, le gros bonhomme rouge sanctifia l’hôtel-restaurant familial d’un, puis de deux macarons (sans compter un 19/20 au Gault&Millau).

Le lieu – un hôtel particulier Renaissance – en lui-même dégage un charme indéniable, juxtaposant avec bonheur les styles et les époques, même si la maîtresse des lieux aime à rappeler que le grand Léonard (de Vinci, pas di Caprio) a séjourné dans ce village et en a dessiné quelques bâtiments. On aime le cossu intemporel, chaleureux sans flagornerie, luxueux sans rutilance, une solitude bienveillante qui incitent à la confiance et au laisser-aller. Le son de la petite fontaine située au milieu de la cour fait oublier instantanément le centre-ville (peu animé pour autant) et invite à la contemplation. On en viendrait à oublier de fermé sa porte à clé.

Profil bas

Le théâtre de la gastronomie, illuminé par un lustre aux mille reflets, est douillet et spacieux, facilitateur de confidences enivrées. Cohérence ultime : la spécialité du chef – les langoustines à la graine de paradis – une épice semblable au poivre, très utilisée jusqu’à la guerre, réhabilitée par Didier Clément – est étonnamment peu spectaculaire quant à son dressage, d’une délicatesse touchante, laissant le produit prendre la parole avant de laisser subrepticement la préparation développer ses saveurs. A l’heure où le faquin jauge l’appétence sur une image Instagram retouchée à la pelle, et où l’aréopage de sachants se dispute pour un like sur Facebook comme vieillards sur banc, cette discrétion est aussi louable que contre-productive pour qui fait la course aux étoiles.

A noter une belle découverte au détour de la cave, un Cour Cheverny « La Porte Dorée » 2017 de Philippe Tessier, une cuvée 100% locale au prix tout doux, dont le travail sur le cépage Romorantin évoque la rondeur et l’élégance de la Bourgogne, sans renoncer pour autant à ses racines solognotes, soit un caractère vif et sec.

Séjour

Bien entendu, l’hôtellerie n’est pas en reste pour ceux qui abuseraient de la bonne chère du Grand Hôtel du Lion d’Or : les bâtiments hétéroclites abritent des chambres à la décoration classique et au confort cossu, dont certaines sont équipées de balcons en fer forgé rappelant la Nouvelle Orléans.

Au diable les étoiles, aurait-on envie de se dire à la fin d’un repas qui a surgi de la terre et de l’eau comme il se doit. Une table doit-elle être tendance pour être populaire et faire envie ? L’erreur ne serait-elle pas de confondre goûts et tendances ? Chers chefs et peu chers critiques, laissons la mode à la Fashion Week, et concentrons-nous sur notre appétit.

Restaurants Le Grand Hôtel du Lion d’Or

A partir de 49€ en semaine (entrée/plat ou plat/dessert)

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Notre avis : 4/5