La Poule au Pot

La Poule au Pot est une institution à plusieurs titres : à celui de la cuisine bourgeoise française et ce depuis le 19ème siècle ; et à celui de la nuit en tant qu’opérateur de la faim noctambule, au même titre que le Pied de Cochon, le Tambour et Denise à quelques mètres, soit une tradition héritée de l’époque où les travailleurs des Halles avaient besoin de se nourrir tout au long de la nuit. Et c’est cette icône que Jean-François Piège, le chef doublement étoilé du Grand Restaurant, a fait le pari de reprendre entraînant inquiétudes, interrogations mais aussi espoirs, à l’instar de la résurrection miracle en 2009 de Thoumieux, cette autre institution à qui il avait réussi à insuffler une vie nouvelle.

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De l’inox à l’argent

Le résultat n’est malheureusement pas toujours à la hauteur des espoirs suscités. Certes, il ne fallait pas toucher à l’écrin, ainsi seuls les couverts ont-ils changé, passant de l’inox à l’argent, le reste de la décoration restant strictement identiques, plaques aux noms de célébrités comprises. Certes, l’exécution est bonne avec un choix judicieux des produits et une carte jonchée de classiques parfaitement maîtrisés. Normal pour qui s’appelle Piège.

La fête est finie

Mais ce faisant, Jean-François Piège a décidé de ne plus ouvrir la nuit, éteignant pour de bon un phare de la nuit parisienne, contribuant ainsi à renforcer l’embourgeoisement outrancier d’une ville qui se transforme en musée pour touristes le jour, et en dortoir pour nantis la nuit. Mais notons aussi que la générosité pèche : à ce tarif, le quidam aurait pu espérer que les plats fussent davantage copieux ! Autre exemple qui fait mal : l’excellent bourgogne aligoté d’Anne Boisson est vendu autour de 12€ dans le commerce, ici le verre est vendu à 11€. Un coefficient qui frise l’indécence.

Alors faut-il y aller ? Si vous êtes amateurs de cuisine bourgeoise, soit de blanquettes, d’escargots, de rognons et consorts, et que vous n’êtes pas regardants sur la note, oui. Mais si vous n’êtes pas habitués aux tarifs du Triangle d’Or, soyez attentifs à ne pas devenir la poule aux œufs d’or.