Le Bistro Mavrommatis Passy

Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, disons que les frères Mavrommatis incarneraient presqu’à eux seuls la cuisine grecque à Paris (mais aussi à Nice et à Marseille) depuis pratiquement 40 ans. Pas ce grec vulgaire et racoleur du quartier latin qui n’aime rien moins que de vous séduire, tel un GO du Club Med en surchauffe, pour vous négliger à l’instant-même où vous posez votre séant sur une chaise, avant de vous servir de un méridionalisme périmé. Ici, on verse dans une idée plus gastronomique, avec une inspiration régionale plutôt que nationale.

Cette adresse a été testée sur invitation

Passy grec que ça

Ainsi, profitant qu’Hédiard soit parti se refaire une beauté dans les limbes des refontes de marque, la Mavrommatis a investi les lieux, dans un 16ème arrondissement en pleine transformation, avenue Paul Doumer, afin d’y développer ses activités de traiteur / cave à vins, de comptoir à mézés et de restaurant. La décoration policée, sans accroc et les photos du le grec le plus connu de France après Demis Roussos – Nikos Aliagas -, annoncent la couleur : pas de fioritures, de thermomètre Acropole ou de danseur de sirtaki, la maison préconise une approche moderne et adaptée aux goûts du jour ; une vision incarnée par le nouveau chef Roberto Rispoli, ancien du Carpaccio, le restaurant italien étoilé du Royal Monceau.

Disons-le, la partition jouée se révèle plutôt à la hauteur des ambitions des trois frères, puisque dès le premier plat – un espadon mariné, houmous, vinaigrette citron et sésame – on tombe dans un petit bain de fraîcheur acidulé, à l’iode fine et plaisante. Rigoureux et sans excès de fureur, le bourgeois dormira sur ses deux lodens. Plus osés et gourmands, les gnocchi sardi préparés avec des escargots de Crète, à l’ail et coriandre, rappellent qu’on n’est pas là pour faire les ascètes en pantalon de yoga. C’est aussi efficace contre la faim que contre l’insipidité du quotidien.

Abondance de liquidités

La carte des vins n’est pas en reste, grâce à la cave présente au rez-de-chaussée, avec dix vins au verre (4 blancs, 5 rouges et 1 rosé), avantage non négligeable même si le lieu semble davantage configuré pour le service diurne. La traversée de la Méditerranée s’effectue donc agréablement et sans encombre, comme une jolie parenthèse ensoleillée, légère et fugace. De quoi agrémenter l’hiver parisien d’un sourire méditerranéen.