Restaurant La Tour d’Argent, Paris
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Restaurant La Tour d’Argent, Paris

Se rendre à un dîner à la Tour d’Argent, c’est avant tout la découverte – ou la redécouverte – d’un mythe, celui d’une des tables les plus prestigieuses de Paris, en même temps qu’une des plus belles caves du monde, et une promenade dans l’histoire… littéralement.

Le poids des ans

Tout est encore là, un peu bancal, la grande vente aux enchères de 2009 n’a même pas fait perdre de prestige à sa cave ; la morgue du personnel, caractériel comme  un butler dont le regard impassible exprime pourtant mille choses à chaque seconde, ce décor qui sent la naphtaline mais dont l’éclairage bien plus récent n’hésite pas à rappeler la discothèque, cet ascenseur tellement chargé de marbre qu’on a certainement dû réduire sa capacité pour pouvoir charrier autant de prestige que de passagers… Rien ne manque à l’appel sur ce Titanic de la gastronomie française.

Le choc des yeux

L’arrivée dans le salon privé manque de dégénérer en fou rire irrépressible, lorsque le Maître de nous explique avec quel raffinement la décoration murale avait été conçue, grâce à la superposition d’éléments floraux imprimés au laser, et de véritables touches de peinture aux coups de pinceaux bien visibles. Les grandes fenêtres sont désespérément habillées d’aluminium de sous-préfecture, et parviennent malgré tout à ne pas gâcher la vue sur Nôtre Dame.

Bien entendu, il est divertissant d’apprendre que l’on déguste le 1 108 151ème caneton de l’histoire de la Tour d’Argent ; bien sûr, la cave est exceptionnelle, même si le choix des vins est tout de même discutable en termes d’accord. Mais il est presqu’impossible de ne pas sentir à quel point la répétition robotique ad nauseum d’un rituel qui a perdu son sens et sa sève, de ce cérémonial mortifère qui ne correspond plus à son époque, peine à masquer l’absence de moyens pour maintenir l’excellence.

A la recherche de l’Iceberg perdu

Et si sympathique soit-il, Laurent Delabre, le chef dont les favoris évoquent un autre monde disparu, celui de Robert Hue, ne saurait maintenir à flots cette embarcation victime de son propre poids, celui de son histoire. Parce que dans cet univers où la pesanteur est passée reine, seul un violent tsunami pourrait engendrer la destruction nécessaire pour mener à la reconstruction.

Il faut garder à l’esprit que l’établissement, en incluant l’hôtel, la rôtisserie et la boutique, emploie près de 220 personnes, d’autres entreprises moins bien dotées en âme se seraient déshumanisées depuis bien longtemps. Paradoxalement, c’est son inertie-même qui l’a probablement sauvé d’un naufrage bien plus rapide. La perte des étoiles Michelin, une puis deux en dix ans, a laissé des cicatrices indélébiles dans la réputation de l’honorable maison.

La Tour d’Argent en 2012, c’est une institution, presqu’un musée. Pourquoi « presque » ? Parce que pas assez dans la mouise pour pouvoir prétendre à un coup de main d’un cacique des pouvoirs publiques, et trop à la ramasse pour prétendre à l’élite. Finalement, ce qui est dur pour un cadavre pas assez froid, c’est de ne pas pouvoir être canonisé.

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La Tour d’Argent
15 Quai de la Tournelle  75005 Paris
Tél. 01 43 54 23 31

Site Internet : http://www.latourdargent.com/

Amuse-bouche Asperges vertes et Caviar
Soupe de Châtaignes aux Morilles
Foie Gras au Fruits de Saison
Aiguillettes de Canard Challandais "Marco Polo" et Pommes Soufflées
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One thought on “Restaurant La Tour d’Argent, Paris

  1. Mon ressenti sur cette table est très différent, au delà du mythe la cuisine est d’un niveau plus que certains malgré quelques imprécisions, il est vrai que votre repas date d’il y a 2 ans, personnellement j’ai senti une vraie implication de la part des cuisiniers et non pas le désir de faire vivre une légende.

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