Spoon 2

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Qui trop embrasse mal étreint, c’est ainsi qu’on pourrait résumer l’expérience chez Spoon 2, le dernier né parisien de la galaxie Ducasse, qui a vu le jour en lieu et place du Terroir Parisien de Yannick Alléno place de la Bourse.

Voyage dans le temps

Les gourmets les plus âgés se souviennent encore du premier Spoon, rue de Marignan, de cet étendard de modernité, polymorphe et polyglotte à une époque où la multiculturalité n’était point encore un gros mot. Mais là où le premier chapitre venait en 1998 déglacer le vétuste caquelon de la boustifaille parisienne en lui plaquant d’exotiques rejetons, le second vient comme un cheveu dans le potage à l’heure où Deliveroo est capable de déposer la Thaïlande comme le Pérou sur le pas de votre porte.

Sans compter que la décoration brinquebalante ainsi qu’un service approximatif, verbeux et débordé n’aident pas beaucoup à se sentir bien au milieu d’une pièce où le terme technique de « runner » trouve tout son sens. Ce midi-là, je me lançais dans un bento à 32€, avec un porc laqué qui était tout sauf dénué d’intérêt, mais qui me fit souffrir d’une soif inextinguible pour le reste de la journée, en raison des béquilles gustatives qui ont soutenu sa préparation.

Et si le riz à la vapeur est de haute volée et d’une justesse insoupçonnée, la salade de papaye a un gros besoin de Viagra tant sa texture rappelle celle d’un haricot trop cuit plutôt que celle d’un fruit encore vert.

Vingt ans plus tard Spoon 2, c’est la terre des contrastes, à l’image de sa carte « world », un terme qui sonne aussi moderne qu’un album solo de Peter Gabriel et aussi moribond que Johnny Clegg. Dommage.