Ophelia

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Pour celui qui est resté trop longtemps à Paris, bar à cocktails signifie souvent soit hôtel de luxe, soit speakeasy (ces bars cachés qui font référence à la prohibition américaine), et rien d’autres. Hélas. En effet, l’offre se limite à cela et il rate des lieux spectaculaires tels qu’Ophelia qui est au minimalisme ce que Le Bernin est à l’Arte Povera.

La Forme du Cocktail

Au diable la clandestinité, dans le quartier de Wan Chai à Hong Kong qui fut si mal famé jadis, c’est l’heure du renouveau et Ophelia se pose là, avec un faste visuel que n’aurait pas renié un Guillermo del Toro qui aurait rencontré Bukowski, et qui aurait décidé d’adapter Barfly à la sauce Labyrinthe de Pan. Et ce ne sont pas les délicieuses créatures juchées derrière le bar – là où auraient dû se trouver des bouteilles de spiritueux et de liqueurs – qui vous feront dire le contraire. Le designer Ashley Sutton (qui avait déjà commis le Maggie Choo’s à Bangkok) a tout fait pour qu’un verre au Ophelia soit une expérience complète, dans un décor entièrement décliné autour du ramage d’un paon, animal qui aurait été offert à Mr Wong, une statue trônant à l’entrée.

Plein les yeux

La carte d’Angus Harrison est raccord avec la fable surréaliste, que ce soit le « Bird in a Cage » (littéralement servi dans une cage d’oiseau) ou le « Jade Jeweller » que l’on déguste pendant que des danseurs et des danseuses au genre aussi fluide que leur corps et leurs mouvements viennent s’agiter sous votre nez ou dans une cage. Certes la qualité intrinsèque des cocktails est parfois questionnable, mais rien d’alarmant qui fasse crier au scandale.

Autre point positif qui permet au décorum de survivre, il est fortement recommandé d’éviter le short confortable et la tong intempestive pour accéder à la luxure d’Ophelia. En effet, le lieu est tel un enchantement, il ne manquerait plus que vous gâchiez le spectacle.