Embassy Restaurant

Cambodge et gastronomie fine

Coincée entre les deux stars de la gastronomie asiatique que sont la Thaïlande et le Vietnam, la cuisine cambodgienne est moins connue, car bien plus discrète que celle de ses voisines. Pourtant, avec son exceptionnelle douceur et la robustesse étonnante de ses saveurs, elle dispose d’une véritable identité issue des traditions khmères.

Cette adresse a été testée anonymement

Embassy fait partie de la poignée de restaurants gastronomiques que compte le Cambodge. Il est situé à Siem Reap, au premier étage d’une maison coloniale classique par son architecture, et moderne par sa décoration : murs et mobilier blancs, vaisselle brute estampillée du logo Embassy. Sans surprise, la clientèle, composée d’hommes d’affaires et de touristes gastronomes, est exclusivement occidentale, mais grâce à un service souriant et détendu, l’atmosphère est agréablement bon enfant.

Il est à noter que ce sont deux femmes, les sœurs Kimsan, qui sont à la tête de l’établissement et nous proposent un menu réalisé uniquement à partir de produits cambodgiens de saison, car telle est l’originalité de cet établissement : des recettes typiquement khmères avec une mise en œuvre ultra moderne.

Lotus, fourmis et clitoris

Au menu du soir, 7 plats font figure de modèle de complémentarité et d’équilibre : en mise en bouche, une délicate tomate cerise farcie (oui les tomates farcies figurent à la carte de nombreux restaurants locaux au Cambodge) ; une craquante salade de pousses de lotus, poitrine de porc croustillante et vinaigrette à la mangue ; suivi d’un bouillon typiquement khmer servi minute sur des légumes craquants et des fleurs fraîches ; ou un sorbet de pétales de pois bleu, encore appelé clitoria ternatae du fait de sa forme de clitoris, arrosé d’alcool de riz. Puis, une déclinaison d’aubergines grillées assaisonnées du fameux prahok, ce puissant condiment cambodgien au poisson fermenté, et le plat principal est un poulet fondant garni de fruit du jacquier, et de quelques fourmis géantes blanchies à l’eau. Le dessert quant à lui est à la noix de coco et à la gelée de pandanus. Pour couronner le tout, un accord vin soigné est proposé.

Cerise sur le gâteau : si jamais la serveuse constate que vous avez discrètement saucé votre assiette avec les doigts, elle vous propose gracieusement une deuxième assiette du même plat : du jamais vu d’autant plus que cette table gastronomique se monnaie autour de 30€ par tête !

En résumé, cet aller-retour entre traditions locales et gastronomie moderne est une réussite rare : elle marie sans complexe la magie des temples d’Angkor et l’émouvante découverte d’une branche inédite de la gastronomie cambodgienne.